Behchokǫ̀
Un voyage à travers les millénaires
Behchokǫ̀ signifie « grand couteau » en tłı̨chǫ. Comptant environ 1 900 habitants, c’est la plus grande localité de la région, la capitale des Tłı̨chǫ et le siège du gouvernement tłı̨chǫ.
Behchokǫ̀ a toujours été un lieu de rassemblement. À l’époque de la traite des fourrures, Behchokǫ̀ était un poste de traite de la Compagnie de la Baie d'Hudson et s’appelait alors Fort Rae. Les chasseurs et leurs familles parcouraient de longues distances depuis les localités isolées pour se rendre au seul poste de traite de la région.
Ils y échangeaient les peaux récoltées au cours de l’année contre les provisions dont ils avaient besoin pour la prochaine saison. On échangeait les peaux de castors et de martres contre du thé, du sucre, des outils et des munitions. C’était l'occasion de renouer et de faire la fête avec tous les membres de la communauté avant de repartir chacun de son côté pour la saison de la chasse.
Behchokǫ̀ est aujourd’hui une collectivité dynamique où on organise régulièrement des événements, des rassemblements, des tournois de jeux de mains et d’autres festivités qui attirent des visiteurs de partout aux TNO.

Transcription
Les sentiers de nos ancêtres 2011
[Une foule de personnes applaudit et prend des photos lorsque des canoës entièrement chargés quittent les rives de Behchokǫ̀ au début de la randonnée annuelle en canoë "Trails of Our Ancestors" (Les sentiers de nos ancêtres).]
Les canoës de Trails of Our Ancestors au départ de Behchokǫ̀ en 2011, en route pour le 11e rassemblement annuel de Tłįchǫ.
C’est en 1994 que le programme Sur les traces de nos ancêtres a été créé pour transmettre ces connaissances ancestrales et ces pratiques traditionnelles. Après un voyage de 15 jours entre Behchokǫ̀ et Gamèti, le premier groupe a été accueilli par une grande fête à l’occasion des festivités pour le rassemblement annuel des Tłı̨chǫ.
Le programme permet aux jeunes tłı̨chǫ de retracer les pas et de revivre les expériences de leurs ancêtres à travers les yeux des aînés. Ces voyages en bateau sont un élément essentiel de la philosophie du peuple tłı̨chǫ : « la force de deux peuples ».
« Comme une armada, la flottille de canots du programme Sur les traces de nos ancêtres est synonyme de fierté pour le peuple tłı̨chǫ, telle une apparition de ses ancêtres eux-mêmes. Les voyages en canot représentent une sorte de rite initiatique pour chaque jeune tłı̨chǫ, et nombreux sont ceux qui attendent leur tour avec impatience; c’est la communauté entière qui en bénéficie. »
John B. Zoe

Transcription
Le pouvoir des connaissances ancestrales
[Une entrevue vidéo avec Jonas Nitsiza, aîné tłı̨chǫ, assis à une table, avec une fenêtre lumineuse derrière lui. C'est un homme âgé aux cheveux blancs courts, portant des lunettes à monture foncée et une chemise boutonnée à rayures bleues.]
Jonas Nitsiza : Je vais vous raconter l’histoire de notre peuple. Cette histoire, elle est pour tout le monde. Je suis né et j’ai grandi ici. J’ai voyagé par bateau avec les aînés, pour aller à la chasse, j’ai participé à ce voyage. J’ai toujours pris part à leurs rassemblements et j’ai pu observer comment ils parlaient et transmettaient leurs connaissances. J’ai travaillé avec eux dès que j’ai pu le faire.
Les connaissances de nos ancêtres sont très puissantes. Je me suis accroché aux récits des aînés, j’ai absorbé leurs connaissances pour pouvoir les transmettre un jour si on me le demandait. Je garde ces connaissances précieusement, je ne veux pas les oublier.
On dit aujourd’hui que nous changeons. Nous ne pouvons pas laisser les connaissances de nos ancêtres disparaître. Si nous le faisons, nous ne saurons pas où nous allons, nous n’aurons plus de direction. Pour que ça ne se produise pas, je raconte les histoires des aînés aux jeunes. Notre histoire doit survivre; nous devons écouter les aînés. Nous ne devons pas perdre notre histoire.
Je demande à ceux qui m’écoutent aujourd’hui de faire tout leur possible pour protéger les connaissances ancestrales. Si vous voulez acquérir ces connaissances, allez à la rencontre de nos aînés et discutez avec eux. Ils ne vous rejetteront pas, ils seront contents! Notre peuple peut survivre et aller de l’avant. Notre peuple ne veut pas voir son histoire disparaître; notre terre serait alors vide et désolée. J’espère que ça ne se produira pas. Ceux qui m’écoutent devraient faire comme moi et apprendre les histoires de nos ancêtres pour les protéger. Merci d’avoir écouté ce que j’avais à dire.
Les aînés connaissent parfaitement les terres tłı̨chǫ. Les noms de lieux et les récits transmettent des connaissances sacrées; c’est pourquoi la culture des Tłı̨chǫ est intimement liée à nos paysages. Le principal objectif de ces voyages est de visiter ces lieux importants et de permettre aux aînés de raconter leurs histoires.
Le programme Sur les traces de nos ancêtres vise à préserver les connaissances ancestrales en transmettant les récits des aînés dans ces lieux chargés d’histoire et en partageant la culture tłı̨chǫ avec les nouvelles générations.