Images granuleuses des années 1960 d'une journée d'été dans la communauté Tłı̨chǫ de Behchokǫ̀. Un homme porte un canoë sur ses épaules. Un chien sur le rivage regarde un garçon pagayer sur un canoë. Un petit groupe de personnes nage et saute des rochers dans le lac.
Sentier de Whatì
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Le sentier de Whatì fait partie du sentier plus grand Įdaà, qui relie le Grand lac des Esclaves au Grand lac de l’Ours.
Le sentier est une voie centrale de laquelle partent d’innombrables sentiers secondaires et qui donne accès à un territoire de chasse de plus de 250 000 kilomètres carrés.
Le sentier de Whatı̀ commence à Behchokǫ̀ et il faut jusqu’à huit jours pour parcourir ses 120 km jusqu’à Whatì.
Behchokǫ̀
Un voyage à travers les millénaires
Behchokǫ̀ signifie « grand couteau » en tłı̨chǫ. Comptant environ 1 900 habitants, c’est la plus grande localité de la région, la capitale des Tłı̨chǫ et le siège du gouvernement tłı̨chǫ.
Behchokǫ̀ a toujours été un lieu de rassemblement. À l’époque de la traite des fourrures, Behchokǫ̀ était un poste de traite de la Compagnie de la Baie d'Hudson et s’appelait alors Fort Rae. Les chasseurs et leurs familles parcouraient de longues distances depuis les localités isolées pour se rendre au seul poste de traite de la région.
Ils y échangeaient les peaux récoltées au cours de l’année contre les provisions dont ils avaient besoin pour la prochaine saison. On échangeait les peaux de castors et de martres contre du thé, du sucre, des outils et des munitions. C’était l'occasion de renouer et de faire la fête avec tous les membres de la communauté avant de repartir chacun de son côté pour la saison de la chasse.
Behchokǫ̀ est aujourd’hui une collectivité dynamique où on organise régulièrement des événements, des rassemblements, des tournois de jeux de mains et d’autres festivités qui attirent des visiteurs de partout aux TNO.
C’est en 1994 que le programme Sur les traces de nos ancêtres a été créé pour transmettre ces connaissances ancestrales et ces pratiques traditionnelles. Après un voyage de 15 jours entre Behchokǫ̀ et Gamèti, le premier groupe a été accueilli par une grande fête à l’occasion des festivités pour le rassemblement annuel des Tłı̨chǫ.
Le programme permet aux jeunes tłı̨chǫ de retracer les pas et de revivre les expériences de leurs ancêtres à travers les yeux des aînés. Ces voyages en bateau sont un élément essentiel de la philosophie du peuple tłı̨chǫ : « la force de deux peuples ».
« Comme une armada, la flottille de canots du programme Sur les traces de nos ancêtres est synonyme de fierté pour le peuple tłı̨chǫ, telle une apparition de ses ancêtres eux-mêmes. Les voyages en canot représentent une sorte de rite initiatique pour chaque jeune tłı̨chǫ, et nombreux sont ceux qui attendent leur tour avec impatience; c’est la communauté entière qui en bénéficie. »
John B. Zoe
Les aînés connaissent parfaitement les terres tłı̨chǫ. Les noms de lieux et les récits transmettent des connaissances sacrées; c’est pourquoi la culture des Tłı̨chǫ est intimement liée à nos paysages. Le principal objectif de ces voyages est de visiter ces lieux importants et de permettre aux aînés de raconter leurs histoires.
Le programme Sur les traces de nos ancêtres vise à préserver les connaissances ancestrales en transmettant les récits des aînés dans ces lieux chargés d’histoire et en partageant la culture tłı̨chǫ avec les nouvelles générations.
C’est à Behchokǫ̀ que commence le sentier de Whatì, et tous les bateaux partent de Monfwhi eda (la pointe de Monfwi).
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Vidéo panoramique à 360° des participants au voyage de canot Sur les traces de nos ancêtres qui se préparent à partir.
Le premier arrêt est Xaelı K'ogola (village Marian), à environ 30 km, soit une journée entière de Behchokǫ̀ en canot.
Le village est situé à l’embouchure de Xaelı (rivière Marian), qui signifie « là où elle s’écoule » en tłı̨chǫ.
Images survolées par un drone de la petite communauté Tłı̨chǫ de Marian Village, sur la rive nord du lac Marian, dans les Territoires du Nord-Ouest du Canada. La communauté est composée de petites cabanes. Une grande croix blanche est visible sur un affleurement rocheux.
Xaelı K'ogola (village Marian) est situé à l’embouchure de la rivière Marian et l’on peut y voir au loin Shiagu, une montagne sur la pointe Murphy.
Joe Mantla, l’un des aînés consultés pour le programme Sur les traces de nos ancêtres, est né et a grandi à Xaelı K'ogola (village Marian). Il a construit le chalet de deux étages qui se tient bien en évidence au centre du village.
Xaelı K'ogola (village Marian)
Un lieu de rassemblement traditionnel
À une époque, Xaelı K'ogola (village Marian) était une localité prospère, où les gens se rassemblaient lors de célébrations autour de danses, jeux de mains et parties de handball.
Au fil du temps, les résidents se sont établis de façon plus permanente dans des collectivités pour se rapprocher de leurs enfants qui allaient à l’école.
Certains viennent encore ici de façon saisonnière pour pécher, chasser et cueillir des plantes. Ce lieu est bien connu pour la chasse aux rats musqués et aux castors.
On compte au moins 30 tombes à cet endroit. Sur l’une d’elles, on peut lire : Thomas Tami Rabesca (né le 22 juillet 1886, décédé le 9 décembre 1961).
On ne trouve aucune inscription sur bon nombre de ces tombes, étant donné que les gens ne savaient ni lire ni écrire à cette époque.
Les endroits et les noms de lieu sont presque toujours associés à des histoires. On dit même qu’elles habitent ces lieux.
Les aînés utilisent souvent la métaphore suivante : le territoire est comme un livre, pour expliquer que les histoires et les lieux co-existent.
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Le lendemain, les canots parcourent 16 km en amont vers Dètaè?aa.
Se trouvant entre deux rivières au-dessus du lac Shotì, Dètaèɂaa est un lieu traditionnel de chasse et de rassemblement.
Survol par drone d'une cabane abandonnée dont le toit s'est partiellement effondré, dans une clairière de fleurs de lupin et de hautes broussailles, sous un ciel bleu nuageux, juste avant le coucher du soleil. La cabane semble prête à s'écrouler à tout moment.
Les voyageurs fréquentent cet endroit depuis des siècles.
Les chasseurs et leurs familles se rassemblaient ici en chemin pour échanger leurs fourrures à Behchokǫ̀.
Il y a de nombreuses tombes aux alentours.
On trouve plusieurs vieilles cabanes dans le coin, ce qui en fait un endroit populaire pour passer la nuit.
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Cette route compte de nombreux rapides et portages.
Le transport des canots et des marchandises prend du temps et leur poids rend la tâche difficile.
À Nàı̨lı̨ı̨hoteè, les canoteurs doivent accoster et parcourir le plus long portage de cette excursion : six kilomètres pour contourner les grandes chutes Nàı̨lı̨ı̨ (chutes de Whatì).
Images du survol par un drone du sentier de portage de six kilomètres appelé Nàı̨lı̨ı̨hoteè qui traverse la forêt de conifères près de la chute de Nàı̨lı̨ı̨.
Nàı̨lı̨ı̨hoteè est la partie la plus difficile du voyage; ce portage monte sur cinq kilomètres au-delà des chutes. C’est un sentier bien tracé traversant une épaisse forêt d’épinettes.
Avant l’arrivée des avions, les habitants de Whatı̀ passaient des semaines à ce portage pour transporter de gros chargements, parce que c’était la seule façon d’approvisionner la collectivité en biens et ressources.
Les canots utilisés pour le programme Sur les traces de nos ancêtres pèsent 90 kg, et sont transportés à l’envers sur les épaules de deux personnes.
Dans de bonnes conditions, il faut environ trois heures et demi pour faire ce portage dans un sens.
De grands groupes de voyageurs se rassemblaient à une extrémité ou l’autre du sentier avant d’entreprendre ce portage difficile.
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Vidéo du début des années 2000 du voyage en canot Sur les traces de nos ancêtres montrant le portage près des chutes de Whatì. (Transcription disponible.)
Le transport des embarcations et de leurs chargements autour des chutes Nàı̨lı̨ı̨hoteè était un effort collectif.
Les jeunes de la collectivité attendaient les canots avec impatience, prêts à donner un coup de main à ceux qui en avaient besoin.
Vidéo du survol par un drone de la rivière Marian tombant sur les deux puissantes chutes d'eau qui composent Nàı̨lı̨ı̨ (Chutes de Whatì). De la brume s'élève de l'eau blanche et écumeuse, et de plus petits ruisseaux d'eau se déversent des parois rocheuses de chaque côté de la rivière. La rivière trace un chemin en forme de S à travers le paysage au-delà des chutes.
Les chutes escarpées de Nàı̨lı̨ı̨ (chutes de Whatì) plongent de 50 mètres jusqu’à la rivière du Lac La Martre.
Les chutes sont un site sacré très important, lié à une histoire où de nombreux ennemis des Tłı̨chǫ sont morts.
Aujourd’hui, ceux qui s’y rendent déposent leurs offrandes dans les chutes et attendent un moment pour voir si un arc-en-ciel apparaît dans l’embrun produit par l’eau.
Un arc-en-ciel est un bon signe, tandis que l’absence d’arc-en-ciel est de mauvais augure.
Nàı̨lı̨ı̨ (chutes de Whatì) constitue le dernier obstacle de taille sur la route de Whatı̀.
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Le reste du voyage vers Whatì est de 30 km et peut être parcouru en une seule journée.
Tout au long de la route, beaucoup de choses nous rappellent nos ancêtres qui ont fait ce voyage avant nous.
Vue aérienne d'un drone sur un site funéraire de Tłı̨chǫ. Trois clôtures décolorées par le soleil et les intempéries, appelées cribs, marquent l'emplacement de trois tombes. Elles sont situées dans une clairière de broussailles denses, entourée de grands conifères dénudés. Les cribs sont à peine visibles jusqu'à ce que la caméra se rapproche.
Les chasseurs tłı̨chǫ et leurs familles suivaient les hardes de caribous selon les saisons, et se déplaçaient par la rivière.
Quand une personne décédait en cours de route, elle était enterrée à l’endroit où cela s’était produit et les chasseurs poursuivaient leur route.
Jusque dans les années 1960, les gens étaient enterrés n’importe où, et on peut trouver des tombes un peu partout, souvent entourées d’une clôture blanche.
Cette pratique consistant à délimiter une tombe par une clôture en bois blanc est apparue avec la venue des missionnaires chrétiens au milieu du 19e siècle. Les clôtures étaient une façon de contenir l’esprit de la personne décédée, parce qu’on pensait à l’époque que son esprit s'attardait autour du site pendant quelques jours, voire quelques semaines.
Lorsqu’elles étaient situées à la jonction de deux sentiers, les tombes pouvaient servir d’indication pour laisser un message. La plupart du temps, on accrochait dans un arbre près de la tombe une boîte à tabac dans laquelle on mettait des messages et des cadeaux pour ceux qui passeraient plus tard.
Lorsque des voyageurs passaient devant une tombe, la tradition voulait qu’ils enlèvent la végétation envahissante qui recouvrait la tombe, réparent les clôtures et fassent une prière pour la personne décédée, et qu’ils déposent un petit cadeau. On laissait principalement du tabac pour les aînés.
Après les années 1960, le gouvernement a introduit de nouvelles lois régissant les lieux où les nouvelles tombes pouvaient être placées, limitant ainsi les enterrements aux cimetières sous le contrôle des administrations municipales.
Un certain nombre de tombes sont anonymes.
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Louis Wedawin, un aîné tłı̨chǫ, parle des nombreux lieux de sépulture le long du sentier de Whatì. (Transcription disponible.)
Pour chaque croix blanche, il y a de nombreux autres lieux de sépulture oubliés au fil du temps.
Nous avons atteint notre destination : Whatı̀.
Images survolées par un drone des eaux bleues et limpides du lac La Martre et de la communauté de Tłı̨chǫ de Whatì. Des chemins de terre relient les maisons et les bâtiments communautaires de cette petite ville d'environ 500 habitants. Les bâtiments colorés parsèment la ville sans disposition particulière.
Whatı̀ se situe sur la rive sud-est du lac La Martre.
En Tłı̨chǫ Yatıì, le mot « Whatı̀ » signifie « lacs de la martre » en raison de l’abondance de martres dans la région.
Whatı̀
La fin du sentier
Située à 210 km au nord-ouest de Yellowknife, la collectivité de Whatı̀ compte environ 500 habitants. Nombre d’entre eux pratiquent encore le mode de vie traditionnel des Tłı̨chǫ, notamment la chasse, la pêche et les arts décoratifs.
Le tłı̨chǫ est toujours largement parlé par les résidents. Jusqu’à récemment, Whatı̀ n’était accessible que par bateau ou par avion en été, et par une route de glace pendant une courte période en hiver.
En 2021, la route des Tłı̨chǫ a ouvert, permettant d’accéder à la collectivité en toutes saisons. La région est connue pour sa beauté ainsi que pour sa pêche et son piégeage exceptionnels.
Avant l’arrivée des Européens, l’histoire de Whatı̀ est marquée par des conflits entre les Tłı̨chǫ et les Chipweyan. Quand la Compagnie du Nord-Ouest a établi un poste de traite dans la région, beaucoup de résidents ont commencé à s’installer dans le secteur de façon permanente pour pêcher et chasser toute l’année. Whatı̀ marque le début et la fin du sentier de Whatı̀ qui relie la collectivité à Behchokǫ̀.
Whatı̀ marque le début et la fin du sentier de Whatı̀ qui relie la collectivité à Behchokǫ̀.
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Vidéo panoramique à 360º au centre d’un jeu de main à Whatì. Les règles et la stratégie du jeu de main sont sacrées et ne sont pas partagées en dehors du Tłı̨chǫ.
Vidéo panoramique à 360º de l’église de la collectivité de Whati. L'église catholique romaine est située près du centre de la ville et comprend un petit cimetière.
Vidéo panoramique à 360 degrés de l’intérieur d’un fumoir à poisson tłı̨chǫ. Whatì est réputé pour ses excellentes conditions de pêche. C'est une activité populaire qui attire le tourisme dans la région.